OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 Le New Yorker par ses couv’ http://owni.fr/2011/07/17/le-new-yorker-par-ses-couv/ http://owni.fr/2011/07/17/le-new-yorker-par-ses-couv/#comments Sun, 17 Jul 2011 08:30:13 +0000 Topito http://owni.fr/?p=73914 Qu’elles soient poétiques, politiques, décalées ou émouvantes les couvertures du magazine américain le New Yorker n’ont pas fini de nous émerveiller. Depuis plus de 80 ans (première parution en 1925), la Une du magazine culturel incontournable de Big Apple (et bien plus) est confiée à différents artistes, auteurs de bande-dessinées ou caricaturistes, tels que Sempé ou encore Art Spiegleman pour les plus connus du grand public.

Petit tour d’horizon de 30 affiches qui valent le détour pour un mag qui a su maintenir l’illustration journalistique au rang d’art.

1. Bek

2. Art Spiegelman – 11 septembre 2001

3. Mort de Ben Laden

4.

5. Sempé

6.

7.

8.

9.

10.

11.

12.

13.

14.

15.

16.

17.

18. David Hockney – couverture réalisée sur Ipad

19. Accident nucléaire de Fukushima

20.

21.

22.

23.

24.

25.

26.

27.

28.

29.

30.

Et la plus controversée qui caricaturait les critiques adressées à Barack Obama pendant la campagne présidentielle


Crédits photo des couvertures : D.R. Article initialement publié par Alice sur Topito sous le titre “Top 80 des plus belles couvertures du New Yorker (ou presque)”

Crédits photo FlickR cc by Karen Horton

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Des pages qui font du boucan http://owni.fr/2011/06/11/hey-pages-boucan-art-popculture/ http://owni.fr/2011/06/11/hey-pages-boucan-art-popculture/#comments Sat, 11 Jun 2011 15:14:12 +0000 Anne et Julien (HEY!) http://owni.fr/?p=67326


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- HEY!, cabinet de curiosités du XXIeme siècle
- Le numéro 6 en friandise…

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Le n°6 en friandise… http://owni.fr/2011/06/11/le-n%c2%b06-en-friandise/ http://owni.fr/2011/06/11/le-n%c2%b06-en-friandise/#comments Sat, 11 Jun 2011 12:36:08 +0000 Anne et Julien (HEY!) http://owni.fr/?p=67311


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Hey!, cabinet de curiosités du XXIe siècle http://owni.fr/2011/06/11/hey-cabinet-de-curiosites-du-xxie-siecle/ http://owni.fr/2011/06/11/hey-cabinet-de-curiosites-du-xxie-siecle/#comments Sat, 11 Jun 2011 11:29:32 +0000 Anne et Julien (HEY!) http://owni.fr/?p=67304 Machin bizarre de l’actualité en ligne, OWNI est aussi esthète. Sensibilité à la beauté, augmentée, c’est tout naturellement que la Soucoupe s’est mise en approche d’une autre entité bizarroïde et sublime: la revue d’art HEY!. Anne et Julien, les doux rêveurs un peu jetés à l’origine du projet se sont lancés dans le grand bain en mars 2010, avec la publication d’un premier opus. Cinq ont suivi; le sixième vient d’atterrir dans les librairies.

La team HEY! abandonne le temps d’un week-end le papier pour squatter ici, présenter leur vision d’un monde grouillant et fascinant; premiers pas vers une collaboration owni-heyesque plus étroite. Enjoy /-)




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Des histoires du coin de la rue du bout du monde http://owni.fr/2010/09/10/des-histoires-du-coin-de-la-rue-du-bout-du-monde/ http://owni.fr/2010/09/10/des-histoires-du-coin-de-la-rue-du-bout-du-monde/#comments Fri, 10 Sep 2010 17:00:17 +0000 Julien Goetz http://owni.fr/?p=27779 Comme souvent, tout est né d’une rencontre. Celle d’un éditeur et d’un journaliste. Pour Laurent Beccaria “ce que l’un a en creux l’autre l’a en plein” et au delà de la rencontre humaine, XXI est surtout un croisement d’envies.

Il y a trois ans, Patrick de Saint-Exupery, grand reporter au Figaro, jongle avec l’actualité couverte au quotidien. Mais cette matière semble s’être transformée au fil du temps. Laurent Beccaria précise :

Pour des raisons historiques, on continue à envoyer des gens à l’autre bout du monde pour faire des papiers mais le cœur de l’activité de production du quotidien sont des choses de plus en plus courtes, de plus en plus événementielles, de plus en plus marketting.

À cette époque, il existe pourtant, au yeux de Patrick de Saint-Exupéry, un grand gisement d’histoires à raconter qui n’étaient pas celles qui circulaient autour de la machine à café, à la une des journaux nationaux, sur les ondes radios, dans ce que Laurent Beccaria qualifie de “journalisme de discussion”.

Dans le monde que Laurent Beccaria connaît bien, celui de l’édition, de nombreux secteurs se sont développés, ont été inventifs depuis 20 ans qu’il y traîne ses guêtres : l’édition jeunesse, la BD, le polar… Mais ce ne sont pas ces secteurs de l’édition qui l’intéresse lorsqu’il échange avec Patrick de Saint-Exupéry :

Quand j’ai commencé, c’était une époque où le document était très noble. Le gros livre de journalisme, la grande enquête, les mémoires, la biographie étaient le coeur des documents. Petit à petit j’ai vu monter tous ces trucs de témoignages, ces trucs vite-faits, de quick-books. Ce secteur s’est appauvri alors que les autres se sont enrichis et modernisés.

Face aux livres sur la première Dame de France ou à la dernière parution sur le Parti Socialiste “fait en un mois avec une pseudo révélation” d’après Laurent Beccaria, la mémoire de l’éditeur fait remonter à la surface “L’innocence perdue” de Neil Sheehan (16 ans d’enquête, prix Pulitzer) plongeant en profondeur dans les méandres de la guerre du Vietnam ou encore “Le pull-over rouge” de Gilles Perrault, une contre-enquête sur l’affaire Ranucci, l’avant-dernier guillotiné de France. “Des livres alliant rigueur, travail et un peu d’allant de combat”. Des livres qui restent en somme. Autant dire que la barre est haute alors que l’idée de XXI commence tout juste à germer.

On s’est dit : il y a une famille de gens dans le journalisme, la bd, la photo, l’écriture, qui ont un gros appétit pour le réel, qui veulent raconter des histoires humaines, qui veulent arpenter la société, le monde par des chemins de traverse. Ils veulent raconter, lire des histoires au coin de la rue du bout du monde et parfois c’est tout près. C’est dans le 18ieme arrondissement de Paris rue des Rigoles, par exemple.

L’intention est claire et dans ces quelques mots semble tenir la profession de foi du magazine à naître. Tout l’enjeu est ensuite de réunir ces familles d’auteurs pour donner corps au Moock (Magazine + Book) titré “XXI”. “Ouvrir les portes et les fenêtres” est une des clés du projet. Laurent Beccaria se souvient de l’aventure du magazine “Pilote” dont René Gosciny était le rédacteur en chef.

Deux jours par semaine, le mardi et le jeudi, n’importe qui pouvait venir au siège de Pilote, il n’y avait pas de rendez-vous et il recevait tout le monde. C’est comme ça que presque tous les grands de la BD des années 1970 sont arrivés à 18 ans avec leurs dessins sous le bras et Gosciny les a fait travailler.

Un exemple marquant, il ne restait qu’à suivre le chemin tracé.

Le premier numéro de XXI c’était des gens que l’on connaissait ou que l’on a pu contacter mais dès le numéro deux, il y avait la moitié des auteurs que l’on ne connaissait pas et à partir du numéro 3 on est passé à 90% de personnes que nous ne connaissions pas au début de l’aventure.

Et pour chaque numéro c’est la même histoire. Bien sûr il y a des récidivistes, des auteurs qui prennent goût à ce type d’enquêtes et ce format d’écriture mais les nouveaux venus sont toujours majoritaires au fil des sommaires. D’ailleurs la répartition des auteurs avec le recul de ces 11 numéros est intéressante : un tiers de journalistes en poste dans les médias traditionnels, un tiers de freelances et un tiers d’inclassables (universitaires, artistes, chercheurs…).

Ce désir d’ouverture est vital car pour Laurent Beccaria le monde du journalisme comme celui de l’édition tournent en vase clos.

Il n’y a rien de plus stupide qu’un comité éditorial ou un comité de rédaction puisque ce sont des gens qui vivent aux mêmes endroits, fréquentent les mêmes gens, écoutent les mêmes choses… C’est terrifiant. Même des gens extrêmement intelligents, extrêmement doués, vous les mettez dans cette situation et au bout de quelques semaines, ils ne produisent que des conneries. C’est mécanique.

Et il ne s’exclut pas de cette loi “mécanique” d’où la nécessité dès le début de l’aventure XXI d’accueillir les personnes qui viennent de l’extérieur. De ce principe de base découle le fonctionnement éditorial du magazine : ne jamais présupposer le monde. Pas de dossier “a priori” sur des sujets qui sembleraient d’actualité pour ensuite aller chercher les histoires nécessaires, “bien senties” pour remplir ce dossier. La démarche est inverse :

On part de ce qui nous arrive, des reportages qui nous sont proposés et quand il y a plusieurs choses qui ont l’air de se rejoindre, on bricole un numéro.

Le fond est très appétissant mais quid de la forme ? Comment trouver le bon compromis qui permettra de rendre viable économiquement cette envie ? L’idée première était celle d’un mensuel. Mais le calcul est rapide : il faut soit beaucoup de publicité, soit un gros tirage pour un résultat plus que périlleux. L’objectif fixé à 100.000 exemplaires pour 4 ou 5 pages de publicité semble juste irréalisable. À tel point que pour Laurent Beccaria la chose est claire : il faut abandonner l’idée, passer à autre chose.

Le matin même où je comptais l’annoncer à Patrick de Saint-Exupéry, on a trouvé une solution crédible : il fallait radicaliser nos choix. Je suis éditeur, je sais comment marche la librairie. Il n’y a pas un document qui dure plus de trois mois donc si on fait un trimestriel, qu’on met 200 pages au lieu d’en mettre 100, sans pub puisqu’en librairie ce n’est pas possible et que l’on fixe le prix à 15€, ça semble viable. Tout de suite on s’est dit “pourquoi pas ?”

Et comme c’est souvent le cas, d’une contrainte naît l’obligation d’inventer quelque chose, l’aventure était lancée. En résumé, un trimestriel magazine d’information racontant des histoires “du coin de la rue du bout du monde”, c’est un début mais pourquoi ce format de récit en longueur qui est le coeur de XXI ? La réponse est simple.

Il y a des sujets qu’on ne peut pas imaginer sur deux feuillets pas plus que sur 200 feuillets, c’est typiquement le genre d’histoire que l’on voulait raconter.

Il fallait donc trouver l’entre-deux sur le modèle de la nouvelle, très développée dans le monde anglosaxon. Les expériences comme celle du NewYorker, Granta ou encore Vanity Fair étaient très rassurants quand à l’efficacité de récits en longueur pour un certain type d’histoires. En France même, ce style de grands reportage était très courant jusqu’aux années 1980-1990 avant de disparaître au profit de formes plus courtes.

L’idée, le format, les auteurs… Le magazine prend forme. Pour ce qui est des investisseurs le tour de table s’est bouclé rapidement : un mois environ. 450.000 € sont sur la table pour lancer l’aventure. La répartition des actionnaires de XXI est simple : Laurent Beccaria et Patrick de Saint-Exupéry détiennent 70%, les 30% restant se divisent en 20% pour les éditions Gallimard et 10% d’actionnariat individuel. Restait à convaincre les distributeurs : à savoir les libraires, tâche complexe. Laurent Beccaria explique :

La revue qui vend le plus en librairie, il me semble que c’est 3.000 exemplaires et nous notre point mort était à 25.000 exemplaires. Autant dire que c’était un assez gros enjeu et qu’il n’a pas été simple de faire en sorte que les libraires y croient.

Les représentants de XXI sont partis à la conquête des libraires équipés au mieux pour convaincre, jusqu’au matériel vidéo sous le bras pour diffuser la présentation du projet en images. Création de présentoirs spécifiques pour mettre la revue en place, tout est là pour démontrer aux libraires que le projet est d’envergure et les convaincre de jouer le jeu.

Tous les éléments sont finalement réunis. Le jour du lancement officiel de XXI est arrivé, on est un jeudi de janvier 2008.

Sarkozy venait de divorcer. La semaine où on est sorti l’Express faisait une grande interview de Carla Bruni, il y en avait partout, avec l’histoire de Disneyland et tout le reste… Et nous on arrivait avec notre Une sur la Russie. J’étais sûr que ça allait se planter. On avait tiré à 40.000 exemplaires, mis 25.000 en place et je me dis “mais on est malades”. À 18h, le téléphone se met à sonner, les représentants nous disent : “C’est dingue, les libraires sont dévalisés”. Ça a pris et là nous on a pris la cuite de notre vie !

XXI était lancé sous les meilleurs auspices. 40.000 exemplaires pour un premier numéro : ce succès conforte, assure, donne des ailes pour viser encore plus loin sur les numéros à venir. L’éditeur et le journaliste ont su sentir l’air du temps et tout mettre en œuvre pour déposer leur projet sur les rayonnages des libraires mais ce n’est pas tout :

Aujourd’hui beaucoup de gens adhèrent grâce à la modernité de l’objet, le propos, les reportages, ça correspondait à quelque chose, c’est sûr mais il y a aussi une part de chance, on est arrivés au bon moment et ça on ne le maîtrise pas totalement.

Bien sûr les ventes ont chutés sur les numéros suivant. 25.000 exemplaires pour le n°2 puis un creux à 23.000 pour le suivant mais dès le numéro 4 les ventes sont remontées pour atteindre aujourd’hui, 11 éditions plus tard, plus de 40.000 exemplaires vendus à chaque parution, jusqu’à 44.000 exemplaires pour le numéro de l’été 2010.

Forcément la formule fait des émules. Au printemps 2010 est arrivé sur les rayons des libraires un nouveau Moock, Usbek & Rica. Basé sur le même principe : un trimestriel d’information avec un fort contenu graphique mêlant texte et BD, un format similaire, 200 pages pour un même prix de vente à 15€. L’approche éditoriale de ce nouveau titre n’est pas la même, les deux magazines ne sont pas en concurrence directe. Cette arrivée est plutôt vue d’un bon oeil par Laurent Beccaria qui est partisan de la vieille thèse de la galerie marchande :

Mieux vaut une galerie pleine de boutiques qui marchent plutôt qu’une galerie avec peu de boutiques et qui fini par fermer. Usbek & Rica est une belle aventure et arriver à sortir un tel magazine à 25 ans, je dis chapeau ! Même si sur certains points, ça ressemble un peut trop à XXI à mon goût (ndlr format, prix, périodicité), ils ont un très beau contenu graphique et une ligne éditoriale propre. J’espère qu’à l’avenir, si d’autres magazines apparaissent, on aura toujours en tête de se tirer vers le haut les uns les autres plutôt que de niveler par le bas.”

Laissons donc l’avenir continuer cette histoire. Le numéro 12 de XXI sera le 4 octobre prochain en librairie.

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La pub n’est pas à côté du journal http://owni.fr/2010/08/26/la-pub-n%e2%80%99est-pas-a-cote-du-journal/ http://owni.fr/2010/08/26/la-pub-n%e2%80%99est-pas-a-cote-du-journal/#comments Thu, 26 Aug 2010 08:44:42 +0000 André Gunthert http://owni.fr/?p=16966

À droite, de la publicité. À gauche, du rédactionnel. À moins que ce ne soit l'inverse.

Quelle est la place de la publicité dans le dispositif éditorial ? Telle était la question soulevée par l’exposé d’Alexie Geers, doctorante à Paris 10, consacré à l’observation des effets de rapprochement des pubs et des contenus éditoriaux dans la presse féminine, dans le cadre du séminaire “Mythes, images monstres” (INHA, 27/05/2010).

Évoquant une « confusion organisée », Alexie a montré de façon convaincante comment, dans un environnement qui favorise l’interaction entre les messages publicitaires et le rédactionnel, la mise en page des journaux comme Elle ou Marie-Claire, grâce à des effets d’écho ou de glissement visuel (voir ci-contre), produit une homogénéisation croissante des deux univers. Nettement perceptible depuis 2005, cette tendance serait encouragée par l’usage des banques d’images, la possibilité d’interrogation par mots-clés et l’indexation de notions comme la dominante de couleur d’une photo (lire également : “Manipuler l’image de presse?“).

Une telle observation interroge la césure la plus fondamentale du monde de la presse, dont l’essor grand public est historiquement lié à l’intégration des ressources publicitaires, mais qui maintient avec la force du dogme l’idée de l’indépendance des contenus éditoriaux, indispensable à la légitimité de l’exercice journalistique. Cette césure imaginaire ne s’impose pas seulement à notre usage du produit éditorial, dont la lecture suppose une étanchéité parfaite des différents types de contenus, mais également aux découpages théoriques de la recherche, qui maintient une stricte séparation des genres et ne sait pas analyser conjointement contenus rédactionnels et publicité.

Pourtant, l’unité culturelle des contenus saute aux yeux au moindre déplacement historique ou géographique du point de vue. Il suffit de feuilleter un magazine d’une période un peu éloignée dans le temps pour être frappé par la cohérence graphique et thématique des messages publicitaires avec leur environnement éditorial. De même, n’importe quel voyage à l’étranger nous confronte avec des particularités de l’expression publicitaire dont nous percevons confusément le lien avec la culture locale. En d’autres termes, dès lors que nous appliquons une lecture culturelle aux formes éditoriales, rien ne paraît plus banal que l’homogénéité de leurs produits, qui partagent un même espace et un même public, ont souvent des stratégies semblables et parfois des producteurs communs.

Contradiction avec les discours de légitimation journalistique

Ce constat est en contradiction profonde avec les discours de légitimation journalistique ou les exigences légales, qui postulent l’absolue hétérogénéité de la communication marchande et de la news honnête. En écoutant Alexie, j’en venais à me demander si cette hypocrisie n’était pas l’un des mensonges fondateurs des sociétés développées, l’un de ceux dont la quotidienne répétition nous accoutume aux contorsions mentales réclamées par les contradictions du capitalisme démocratique.

Restituer la vision globale des organes de presse, refuser la fiction d’une diplopie1de la lecture constitue un programme de recherche prometteur, que l’on peut étendre bien au-delà de la presse féminine. Feuilleter un exemplaire du Monde en gardant l’œil ouvert sur l’intégration de la communication dans le rédactionnel est tout aussi révélateur de son positionnement culturel ou de ses choix éditoriaux.

Billet initialement publié sur L’Atelier des icônes, un blog de Culture visuelle ; image CC Flickr joiseyshowaa

À consulter aussi, le blog d’Alexie Geers, L’Appareil des apparences, consacré aux photographies de corps féminin dans la presse féminine.

Culture visuelle est un site développé par 22mars, société éditrice d’OWNI

Article originellement publié le 31 mai, antidaté pour raisons techniques.

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Bientôt la fin des journaux papier à bord des avions http://owni.fr/2010/08/24/bientot-la-fin-des-journaux-papier-a-bord-des-avions/ http://owni.fr/2010/08/24/bientot-la-fin-des-journaux-papier-a-bord-des-avions/#comments Tue, 24 Aug 2010 10:39:05 +0000 Capucine Cousin http://owni.fr/?p=25874 Devra-t-on bientôt se passer des journaux à bord des avions ? Personellement, j’adore pouvoir avoir accès à une multitude de titres de presse anglo-saxonne à bord d’un avion long-courrier, un des meilleurs moyens de se reconnecter à la vraie vie en rentrant…

C’est Singapore Airlines qui s’apprête à donner un coup de pied dans la fourmilière. Bientôt, le passager voyageant à bord de ses avions ne trouvera bientôt plus les classiques revues de bord.

Magazines en version numérique sur écrans individuels

Imaginez, c’est assez vertigineux. A terme, les magazines ne seront plus disponibles en version papier, et se liront sur les écrans individuels qui équipent tous les avions de la flotte. Pour l’instant, certes, cela concerne uniquement les revues dédiées de près ou de loin à la compagnies aérienne, guides de voyage et autres catalogues de produits proposés en duty free. Mais Singapour Airlines réserve bel et bien le même sort aux différents titres de presse écrite. Elle prévoit ainsi de proposer uniquement en version numérique une centaine de magazines, livres et quotidiens aujourd’hui distribués à bord.

Depuis le 31 juillet, la compagnie asiatique teste ce type de prestation pendant un trimestre à bord de deux Boeing 777-300ER. Elle sera ensuite étendue à deux Airbus A380, puis à l’ensemble de la flotte.

Migration

Concrètement, pour cette migration très numérique des journaux, Singapore Airlines se base sur le système de divertissement Panasonic eX2, qui équipe toute sa flotte aérienne. Grâce à celui-ci, un serveur informatique distribue au réseau Intranet les films, CD, programmes TV de divertissement, jeux… Classique : les autres compagnies aériennes utilisent des systèmes similaires. Mais là, Singapore Airlines permet donc aussi d’accéder à une version numérique des publications.

Le passager, lui, aura toujours accès à la dernière édition. La presse mise à bord sera, en effet, la même que celle diffusée en France car elle pourra être téléchargée sur le serveur informatique de l’avion lors de l’escale à Tokyo ou à Los Angeles, et ce sans attendre, comme c’est le cas actuellement, le retour de l’avion à Paris.

Économie de carburant et de papier

Argument évoqué par Singapore Airlines : cette numérisation des supports imprimés à bord des avions permettra de réaliser des économies substantielles sur le carburant dépensé à transporter des magazines pesant au total des tonnes.

En clair, la compagnie aérienne allègerait ainsi (un peu) son CO2 émis… Pas faux : imaginez, le magazine de bord d’Air France, par exemple, pèse près de 500 grammes.

“Ce sont donc plus de 250 kg, soit l’équivalent de trois passagers, embarqués à bord d’un Airbus A380. Ils pourraient être remplacés par quelques grammes si l’on utilise les mémoires informatiques modernes. Chaque jour, chaque avion économisera alors environ 200 kg de carburant lors de ses allers et retours. Au niveau de l’ensemble de la flotte de la compagnie, le gain s’élève à une dizaine de tonnes de kérosène par an et trois fois moins de CO2 dispersé dans l’atmosphère”, précisait récemment l’AFP.

Et des hectares de forêts seront préservés. Du même coup, évidemment, la compagnie aérienne économisera les frais de mise en page et d’impression des magazines.

Un argument écolo – et économique – qui se tient, donc. C’est au moins aussi significatif que de remplacer des verres par des gobelets en plastique. Et qui pourrait très probablement séduire d’autres compagnies aériennes.

Un réseau de distribution pour les éditeurs de presse

Mais son tournant numérique pourrait gêner aux entournures les éditeurs de presse écrite. Alors que mine de rien, la distribution (gratuite il va sans dire) des journaux, surtout quotidiens, à bord des avions, est pour eux une manne non négligeable. Qui leur permet dans la foulée de gonfler leurs chiffres de diffusion payante, et de devenir gratuits en catimini.

iPads pour clients VIP

Mise à jour lundi 23/08 à 14h30 : il me fallait mentionner cette initiative très révélatrice, que m’a signalée avec beaucoup d’à-propos @jnchaintreuil : certaines compagnies prévoient carrément de mettre à disposition de leurs clients des iPad, avec à la clé l’accès à la dernière édition numérique de journaux et magazines… C’est la compagnie française iXair qui a monté cette offre Bluebox Avionics, d’après le blog VIPad.fr.

Déjà les clients ultra VIP des jets de la compagnie aérienne d’affaires Ixair ont à leur disposition des iPad avec des titres comme Time Magazine, USA Today, Le Monde, Paris Match en version numérisée. Peut-être, un jour, Air France…

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Billet initialement publié sur le blog de Capucine Cousin.

Crédits Image CC Flickr : Babasteve, Global X.

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Ces petits jeunes qui se lancent dans le papier http://owni.fr/2010/06/07/ces-petits-jeunes-qui-se-lancent-dans-le-papier/ http://owni.fr/2010/06/07/ces-petits-jeunes-qui-se-lancent-dans-le-papier/#comments Mon, 07 Jun 2010 10:55:31 +0000 Capucine Cousin http://owni.fr/?p=17657 Ils sont jeunes, et sortent tout juste d’école de journalisme ou de Sciences Po, voire sont encore étudiants. Leur premier réflexe en se frottant au monde du travail ? Lancer leur propre canard. Coup sur coup, plusieurs nouveaux journaux ont été lancés ces derniers mois. Pas de simples feuilles de chou distribuées aux potes ou dans les travées des amphis, non, de vrais canards, avec parfois un budget de lancement conséquent, ou de nouveaux circuits de distribution. J’ai connu quelques précédents, comme celui de Terra Eco, initialement lancé uniquement sur le Net et sur abonnements avant de franchir le pas de la sortie en kiosques, pour lequel j’avais participé au lancement les premières années.

Alors voilà, comme on parle (trop) souvent de la crise de la presse, il fallait parler de ces titres de presse papier – et encore… je ne parle pas ici de ces nouveaux pure players du web, tel Owni, alternatives aux Rue89 et autres Bakchich, dont je parlais dans ce papier pour 20minutes.fr.

Usbek & Rica, la nouvelle revue/livre vendue en librairies

C’est la dernière-née: lancée cette semaine, calquée sur le modèle à succès de la revue XXI, la revue trimestrielle Usbek & Rica est vendue exclusivement en librairies (et bien sûr par abonnements). Jolie maquette (quoi qu’un peu plus austère que celle de XXI), papiers fouillés, un peu de BD, photojournalisme et nouvelles, on est ici entre XXI, donc, mais aussi Wired, Technology Review, et les ex-Transfert et Futur(e)s.

Papier mat et épais, ce magazine pas donné (15 € le numéro) repose sur un modèle entièrement sans pub, comme XXI. Malin, son fondateur a donc misé sur un réseau de distribution particulier, les librairies, comme j’en parlais cette semaine dans ce papier. Point de détail non négligeable, Jérôme Ruskin a 26 ans. Et une bonne partie de l’équipe de fondateurs est dans la même moyenne d’âge. Pour mener ce projet a bien, il a réussi à boucler une première levée de fonds de 500 000 € auprès de plusieurs investisseurs en surfant sur la loi TEPA, et via un prêt Oséo. Pas mal. Et auprès d’investisseurs divers, comme Stéphane Distinguin, de la FaberNovel.

Snatch, “le shot culturel”

Ils n’ont pas osé “le shoot culturel” ;), j’aime bien ce bimestriel culturel qui balaie large, avec une maquette simple et élégante. Au menu de ce second numéro: sujet sympa sur “la tektonik est-elle morte?”, interview Robert Hue, analyse des stratégies marketing chez les littéraires médiatiques, retour sympathique sur le Paris skinhead des années 80 (jolie portfolio au passage), portrait de Jamie Lidell, et bien sûr des chroniques ciné, musique et jeux vidéos. Juste surprise de trouver quelques pages mode dont on ne sait pas trop ce qu’elles font là…

Reste à voir s’il se distinguera dans les nombreux magazines culturels indé déjà présents en kiosques…

L’imparfaite: revue érotique assumée

J’avoue, celui-là, je ne l’ai pas (encore) eu entre les mains, je l’ai glissé dans cette sélection de magazines lancés par des jeunes journalistes parce que ma voisine de bureau m’en a parlé… Mais on en avait déjà pas mal parlé, de ce magazine un peu cul lancé sous le manteau par des étudiants de Sciences Po, dont le numéro 1 a été lancé le 12 mai, disponible notamment dans la boutique Passage du désir à Paris, et en ligne. Ici encore, ce sont essentiellement des jeunes journalistes qui sont à l’origine du projet.

Dans cette revue vendue 10 €, entre livre et magazine, on trouve une soixantaine de photos inédites, des textes analytiques et des reportages. Au sommaire de ce premier numéro: le triolisme aquatique, le coup d’un soir, ” Youporn Wonderland”…

Mégalopolis: le Grand Paris à travers un mag

Non, il n’est pas question d’aménagement du territoire dans ce jeune magazine “du très grand Paris”, lancé notamment par des anciens de Sciences Po (à peu près tous banlieusards ;), L’équipe de Mégalopolis, conseillés notamment par Renaud Leblond, directeur de la Fondation Lagardère, et Christian Fevret, fondateur et directeur des Inrockuptibles.

Son numéro 2, qui vient de sortir en kiosques, aborde entre autres, avec un ton volontiers sarcastique, la question de “l’ennui en banlieue” (certes, le reportage se limite à Versailles, Champigny et Deuil-la-Barre), les universités en Île-de-France, comporte un sujet prospectif bien vu sur l’immigration en Île-de-France en 2050… Y a des sujets pédagos, historiques (Passé/Présent: La cité-jardin de Suresnes), politiques, ou bassement matériels (“Où pisser à Paris ?).

Vendu 3 euros, ce “magazine de la génération Grand Paris” vise avant tout un public jeune. Le premier numéro, tiré à 7 000 exemplaires, était distribué dans plus de 1 500 points de vente (kiosques, librairies…) dans toute l’Île-de-France.

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Allez donc jeter un coup d’oeil sur notre “une” consacrée à Usbek et Rica ! /-)

Billet initialement publié sur le blog de Capucine Cousin, sous le titre “Usbek & Rica/Snatch/Megalopolis/L’Imparfaite: ils sont jeunes, ils en veulent…”

Crédits Photo CC Flickr : Splorp, Usbek et Rica, Snatch, Megalopolis, L’Imparfaite.

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Usbek et Rica:|| beau et bon à la fois http://owni.fr/2010/05/28/usbek-et-rica-beau-et-bon-a-la-fois/ http://owni.fr/2010/05/28/usbek-et-rica-beau-et-bon-a-la-fois/#comments Fri, 28 May 2010 10:26:41 +0000 Admin http://owni.fr/?p=16812 Chez OWNI, on n’a toujours pas de bouton “imprimer cet article”. Pourtant, il faut pas croire, on aime bien le papier. Quand il sent bon et qu’il est beau. C’est le cas d’Usbek & Rica, nouveau venu dans un paysage en recomposition. Nous avons et le privilège de recevoir par courrier le numéro 1 de ce magazine culturel trimestriel disponible à partir du 3 juin.

D’entrée d’yeux, la maquette a suscité un unanime “ça déchire” dans l’openspace. Le contenu est à la hauteur des attentes. Un sommaire touffu déroulé sur 200 pages sans publicité, voilà qui détonne agréablement. Le traitement, tout aussi riche, mélange magazine, bande-dessinée et nouvelle. Jeune sans faire de jeunisme, exigeant sans être ennuyeux, culturel sans être élitiste, U&R traite l’actualité du moment et celle du futur en prenant le temps.

Le magazine emprunte son nom aux deux protagonistes du roman de Montesquieu Les Lettres Persanes, deux Perses venus observer l’Europe d’un œil faussement naïf. Fil conducteur de la lecture, le duo modernisé débarque du futur, portant sur nous le même regard décalé que leurs inspirateurs.

La bande-dessinée dans laquelle ils interviennent sépare le magazine en deux parties :

Côté présent, l’article sur Google que vous pouvez lire en exclusivité sur OWNI aujourd’hui ainsi qu’un dossier sur les champions du monde de la dictature, un reportage photo sur “les casseurs de pierre” du Burkina-Faso ou encore un long texte de Salman Rushdie sur l’Inde intitulé “Des hommes du Sud”. La transition vers le futur se fait par une uchronie rigolote et joliment illustrée: “Et si Bobby Kennedy n’avais pas été assassiné?”

Côté futur, on tombe nez à nez avec un article sur le papier toilette, sobrement intitulé “Le cul des riches préfère l’épaisseur triple”, et dont l’introduction se termine par ces mots : “Depuis toujours et pour longtemps, l’hygiène anale après défécation est un incontestable marqueur social et culturel”. Si avec ça, on a pas envie d’aller plus loin… Vous trouverez aussi un dossier sur l’immortalité, un autre sur le Nigéria. On termine le voyage par une plongée dans le web, “Vers un cerveau planétaire !”, constitué d’un long entretien avec Joël de Rosnay.

Et ce n’est pas là le sommaire exhaustif.

Fondateur et directeur de la publication, Jérôme Ruskin revendique une ligne éditoriale engagée, à mille lieux de la news froide et distante : “C’est d’abord une démarche personnelle. C’est l’intime conviction que le monde des idées peut être utile à tous, utile à préparer le monde de demain”, explique-t-il. La profession de foi est de la même teneur :

“C’est quoi nos valeurs ? Nos idéaux sont à la fois raisonnables et exaltants : la démocratie et la liberté, la beauté et la culture, la vérité et la justice. Ils nous servent à comprendre aujourd’hui et inventer demain. Et comme nous souhaitons prolonger nos réflexions par une démarche concrète, nous reversons un pourcentage de nos bénéfices au monde associatif. Parce que le futur n’est pas mort !”

Esprit des Lumières, es-tu là ?

Au vu de la qualité de ce premier opus, les 15 euros à débourser tous les trois mois apparaissent un investissement tout à fait raisonnable. Beau et bon à la fois, il s’inscrit dans la veine de XXI, dont il reprend le circuit de distribution atypique (grandes surfaces culturelles -FNAC, Virgin, Cultura, etc.-, “belles librairies indépendantes”, Relay et Maisons de la Presse au rayon livres).

Nous lui souhaitons autant de succès que son grand frère !

Histoire de vous allécher un peu plus en attendant sa sortie, voici le teaser, et un article sur Google en exclusivité.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Sortie le 3 juin  > Sur le site, on vous indique où acheter Usbek et Rica

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Des étudiants face à la presse http://owni.fr/2010/04/15/des-etudiants-face-a-la-presse/ http://owni.fr/2010/04/15/des-etudiants-face-a-la-presse/#comments Thu, 15 Apr 2010 10:16:34 +0000 Stéphane Favereaux http://owni.fr/?p=12379 Un sondage réalisé auprès de 150 étudiants en communication permet de se faire une idée de leurs habitudes de lecture de la presse. Et d’en tirer une analyse et des conclusions utiles pour l’avenir …

Quand la question se pose d’analyser les comportements de lecture de la presse par les étudiants, on se retrouve souvent confronté à une série de lieux communs tendant à faire penser que la presse écrite souffre chez eux d’une totale désaffection. Un questionnaire adressé à des étudiants en communication âgés de 18 à 25 ans (Paris et province) tend à remettre en cause certaines idées reçues.

La presse traditionnelle, papier, souffre à leurs yeux de faiblesses structurelles. La montée en puissance de la presse magazine porte clairement atteinte à la PQN mais surtout à la PQR. Internet et l’avènement des gratuits mettent en général le coup de grâce à ces médias « old-fashion ».

État des lieux :

Tout d’abord, il convient de remarquer que la vente par tiers ou la mise à disposition est légion dans nombre de grandes écoles. Les titres représentés sont majoritairement Le Monde, Les Echos et Le Figaro, compte non tenu d’un ou deux titres gratuits. Il est donc normal que ces trois titres soient parmi les plus lus.

Cependant, la presse régionale est majoritairement laissée de côté. Ouest France, La NR et l’ensemble des autres titres régionaux y compris Le Parisien sont en perte de lectorat et ne sont lus que par 10,4 % des sondés. Serait-elle trop vieillissante, trop peu adaptée à la cible en dépit de ses nouveaux formats, de son nouveau traitement de l’info ? En format papier, elle n’est que fort peu lue face à la presse quotidienne nationale qui l’est par 57,1 % des étudiants.

La presse magazine, parfois people, parfois professionnelle, parfois économique, se lit à proportion égale de la presse gratuite. Le traitement de l’information et la gratuité des 20 minutes, Métro, Direct Soir emporte l’adhésion de la cible parfois au faible pouvoir d’achat et voulant avoir accès à des « brèves » (pour ce qui concerne les gratuits) ; le temps de la réflexion en synthèse hebdomadaire se pose avec la presse magazine. Deux usages de lecture différents pour des appréhensions contextuelles convergentes.

Cependant, la donnée économique est contrebalancée par les magazines, plus chers certes mais plus denses en informations et au contexte de consommation très différent. Si les étudiants en communication la privilégient, c’est avant tout pour avoir accès aux news de leur secteur professionnel, ou se détendre, reconnaissent-ils, avec l’info « sans intérêt » de la presse people. La détente s’avère donc essentielle lorsque cette même cible sondée met en avant la presse féminine ou masculine en privilégiant les titres récemment apparus sur le marché (Grazia, Be, GQ) ou la presse people, s’accordant ainsi aux plus gros lectorats de la presse écrite (Public, Closer…).

Toutes les personnes sondées lisent au moins un titre par semaine. Tout n’est pas perdu ! En revanche, la fréquence de lecture pose beaucoup plus de question : 39 % des étudiants, 39 % seulement… lisent la presse tous les jours… manque de temps ? d’argent ? d’envie ? 51,9 % la lise 2 à 3 fois par semaine et 11,7 % occasionnellement. Il reste des clients à conquérir… mais peut-être faudra-t-il à la presse écrite s’adapter à ces cibles zappant d’un support à l’autre avec autant d’aisance que d’un JT à l’autre !

Dans le même ordre d’idée, le nombre de supports de presse lus varie peu : seuls 23,7 % des étudiants lisent plus de quatre journaux ou magazines quand 17,1 % n’en lisent qu’un par semaine. Ces chiffres pourraient révéler des réalités disparates : manque de diversité dans le traitement de l’actu ? manque de connaissance des positionnements sociaux ou politiques des journaux ? L’info serait-elle finalement plus consommée que lue ? La réponse tient aussi en ceci que, encore une fois, la vente par tiers dans les écoles, les universités, « orientent » les choix de titres lus. Il faut aussi envisager le fait que, pour les plus jeunes des sondés, le modèle de la presse traditionnelle reste peu valorisant, nous allons y venir.

Quels titres « papier » sont lus ?

On pourrait s’attendre à ce que seule la presse gratuite soit lue, mais la réalité est en fait tout autre. Fort heureusement pour la PQN. Les titres les plus lus (la question était ouverte pour ne pas orienter les choix) sont finalement en accord avec les tirages nationaux : Le Figaro, Le Monde pour les payants. 20 minutes et Métro pour la PG. Derrière ces « têtes de gondole » de l’information suivent Libération et Les Echos. Des titres au final assez généralistes. En revanche, la presse satirique ne semble guère trouver grâce aux yeux estudiantins : Le Canard enchaîné, Charlie Hebdo sont très peu cités. Quant à Siné Hebdo, qui disparaîtra des kiosques le 28 avril prochain, nul étudiant ne le cite. Aucun titre de PQR n’apparaît dans les 10 premiers choix des sondés.

La presse magazine est essentiellement représentée par les News : L’Express arrive en tête, suivi du Point et de Capital, Stratégies ou encore L’Expansion. Les magazines mode ou people sont évidemment très largement représentés sur un cible très consommatrice de loisirs.

Info en ligne :

Les comportements des étudiants sondés face à la presse en ligne sont également révélateurs d’un confort de lecture et de l’apparition des nouveaux supports dans leur espace d’information.

Les sites les plus consultés sont identiques aux supports traditionnels : ils savent quelle info ils vont y trouver. lemonde.fr et lefigaro.fr se disputent le nombre de pages vues bien que lemonde.fr domine largement (6 fois plus de connexions sur ce site que sur lefigaro.fr). Suivent en ordre : lequipe.fr, tempsreel.nouvelobs.com, 20minutes.fr, leparisien.fr (privilégié en ligne plutôt que sur papier).

En revanche, Rue 89 se place juste après lemonde.fr et juste avant…. Google Reader et Google Actu considérés par nombre d’étudiants comme un support d’information à part entière !

De fait, il apparait que cette cible sondée d’étudiants en communication associent leur sélection de médias à une time-line considérée comme un support d’information à part entière. Le web permet de se fabriquer son propre média. Le double suivi des sites d’information et de Google donne de l’info une potentielle double lecture : l’article en développé et le mode « brève » suffisant en consultation ponctuelle. Se faire son propre média semble pour 10 % des sondés une évolution majeure dans la consultation de l’actu on-line.

Cependant, sur Facebook, ces étudiants sont très peu adeptes de groupes de « fan » des supports de presse écrite ou on-line. Seuls 7,9 % d’entre-eux appartiennent à ces groupes revendiquant un suivi de tel ou tel titre. En dehors d’Owni cité par quelques étudiants, ce sont essentiellement des titres féminins (Grazia, Be) qui sont suivis. Les sites d’info (Le Figaro, Libé) sont très peu suivis. On tend à suivre sur FB les sites spécifiquement web : Owni, donc, ou minutebuzz … entre autres.

La presse papier et leurs déclinaisons web n’ont-ils pas encore réussi à séduire les 18 / 25 ans ? Il faut dire que le print pilote encore le web ! Pour ce qui concerne les étudiants interrogés, les titres identitaires sont très lus. CB news ou Stratégies, Capital ou Management emportent en général l’adhésion. Les titres affinitaires (mode, style, design, télé, etc.) le sont au moins autant voire plus, suivant les répondant. Un quart des étudiants ayant répondu à cette étude lisent tout autant la presse identitaire que l’affinitaire. La presse magazine confirme donc son embellie, d’autant plus avec le taux de reprise en main.

Presse écrite : les constats

Depuis la fin des années 1960, les quotidiens régionaux français subissent une érosion progressive mais continue de leur lectorat. La « crise » subie par la PQR se manifeste aussi par un vieillissement et une grande difficulté de renouvellement des lecteurs. Si en 2006, 26,8% des 15-34 ans lisaient un quotidien régional, (Lecteurs numéro moyen 2006. TNS Sofres, EPIQ – Etude de la presse d’information quotidienne, Audience 2006), les chiffres semblent à la baisse sur cette catégorie d’étudiants, nous l’avons vu.

L’état de grâce de la presse régionale semble pour cette cible de jeunes lecteurs définitivement passée. Outre le fait que 20 % ne reprochent strictement rien à la presse écrite, le concert des voix concordantes se fait entendre sur nombre de points parfois curieux mais très révélateurs de ce que les chiffres précédents révélaient.

Il est reproché à la presse écrite d’être trop partiale. Le parti-pris lui est souvent opposé alors que serait préférée l’impartialité. Cependant, les titres les plus lus, Le Monde et Le Figaro sont très clairement politisés. Cela tend à montrer que les étudiants souhaitent un traitement écrit de l’info différent de l’info vue à la télé, voire un traitement complémentaire. Cette complémentarité des supports paraît de plus en plus concrète.

Les articles sont parfois trop longs, évoquent-ils aussi, ce qui est confirmé par le fait que, parmi eux, 10 % se fabriquent leur média avec Google Reader où le format « brève » leur convient et l’accès à une info multi-canal leur permet, au final, de se faire leur point de vue. Pour aller dans le même sens, les étudiants interrogés trouvent la presse écrite ennuyeuse, manquant d’interaction (logique !), et surtout… on trouve cette presse trop formatée !

Parmi les autres reproches, le coût de la presse écrite est très majoritairement évoqué. L’augmentation constante du prix du papier contribue aussi à faire perdre des lecteurs à cette presse traditionnelle au profit de la lecture de l’info sur écran. Et enfin, reproche fréquent dans l’ensemble de la population mais cette fois mis en exergue par des étudiants en communication : la presse écrite contient trop de pub !

Presse on-line : Pourquoi ?

On sait cette génération hyper-connectée, cependant, cette hyper-connexion doit être relativisée. La consommation d’info sur papier reste très usuelle pour les magazines et les gratuits et grâce aux vente par tiers.

Tout d’abord, première évidence, la presse on-line est gratuite, essentiellement, en dehors des archives, et facile d’accès notamment via les applications I-Phone, ce qui emporte largement l’adhésion auprès de la cible du sondage. Mais ce qui trouve grâce à leurs yeux tient à l’actualisation en temps réel de l’actualité et au support vidéo.

La culture de l’image ne se dénie donc pas. Elle devient un support d’information essentiel. Dans la mesure où la lecture de l’image est pertinente… La possibilité d’interagir avec les autres internautes est aussi un point majeur relevé ; l’avis citoyen doit être donné, visiblement. D’autres privilégient le fait de rester en contact constant avec l’actu en axant la consultation des flux d’infos sur leur mobile : alertes SMS, applications I-Phone ou lecture des newsletters favorisent l’accès à l’info de n’importe où. Il leur faut donc une actu réactive, actualisée et non pas simplement une info.

Une génération hyper-connectée ne se contente pas de lire le journal. Elle veut que l’actualité vive, parfois aux dépens du temps d’analyse que peut se permettre la presse écrite ou les dossiers on-line… Mais cette actualisation en temps réel de la société dans laquelle ils vivent montre un réel intérêt pour la res-publica au sens noble de la chose. La chose publique ne les désintéresse pas, bien loin s’en faut. Contrairement à ce que les idées reçues pouvaient, dans le bon (mauvais ?) sens populaire, parfois laisser entendre.

Enfin, les consciences citoyennes ne sont pas oubliées… Nombre d’étudiants reconnaissent que la dématérialisation est essentielle, tout comme l’aspect écologique de cette presse on-line. Loin d’être anecdotique, cette dominante verte semble prendre un poids de plus en plus important dans leurs choix de consommation de l’info. La période des abonnements à plusieurs titres papier semble de plus en plus révolue. La presse on-line a également ceci d’avantageux qu’elle suppose la suppression des transports, qu’elle ne soulève plus la question du traitement des déchets, qu’elle permet des économies d’eau et d’énergie, etc.

Si la consommation de presse écrite est loin d’être démentie, ces chiffres sont donc à relativiser en fonction des vente par tiers dans les écoles mettant à dispositions des étudiants des titres « chers » qui peut-être ne seraient pas consommés sans cela. De plus, il est constaté que la cible tend à se fabriquer sa propre ligne d’actualité, son propre média en zappant d’une newsletter à l’autre, d’un flux RSS à l’autre ou via Google Reader, ce qui tend à montrer, une fois encore que le modèle économique de la presse on-line n’est pas encore trouvé, que la monétisation de l’info n’est pas encore gagné si l’on veut que les plus jeunes lecteurs ne s’excluent pas de la presse.

De plus, la nature du contrat de lecture semble elle aussi évoluer. Il ne se construit plus entre le lecteur et son journal en tant que support physique. La tradition n’est plus. Le journal doit en revanche trouver les moyens de fidéliser son lecteur, tant en terme d’émission que de réception de l’info, des commentaires. Chacun des internautes doit pouvoir se projeter dans son information, celle qu’il s’est fabriquée. L’information devient communautaire puisqu’elle se consulte et se diffuse dans les réseaux via Facebook ou Twitter. L’information, la presse, se doit de devenir un mélange d’info, d’événements, d’imprévisible et de prévisible. Dans la time-line informationnelle que se fabriquent nombre d’étudiants, le choix des RSS se portent assez naturellement vers ce avec quoi ils sont en affinité. Ce qui délimite là encore le champ de consultation naturelle de l’information. Ce qui cadre aussi avec leur recherche d’objectivité « subjective ». Plus d’objectivité dans le traitement de l’info leur ouvrirait probablement davantage de titres. Le contrat de lecture tient donc en ceci qu’on se fabrique le média qui doit nous surprendre en nous confortant.

Cependant, les nouveaux médias, Owni, Rue89, entre autres, semblent toujours plus tirer leur épingle du jeu en proposant un nouveau traitement de l’info, plus en accord avec la volonté de ces cibles cherchant une info précise, ciblée, actualisée et commentée, réactive.

Enfin, ces cibles étudiantes sont à la recherche d’une info rich-média. La mise en récit d’une info qui s’oriente vers le story-telling trouve grâce à leurs yeux, tout comme la mise en récit de l’image. La narration de l’information leur convient plus que la simple factualisation ou la description explicative.

Cela implique que texte, images (illustrative ou démonstrative), vidéo et contenus sonores soient envisagés globalement. Les registres classiques image et texte n’ont plus voix au chapitre sous leur forme traditionnelle. On focalise l’attention sur un détail, sur différents niveaux de lecture(s) interagissant, on personnalise toujours plus l’information. Elle devient donc de plus en plus émotionnelle et interactive. L’empathie entre le média et le lecteur doit être visible, et l’expérience doit être durable entre le lecteur et le support lu ou consulté.

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> Article initialement publié sur Com’Des Mots

> (Sondage on-line réalisé du 19 au 30 mars 2010 sur 150 étudiants en école de communication, de 18 à 25 ans, Paris et Province.)

> Illustrations: Flickr CC : Ol.v!er [H2vPk], HapH , somebaudy& Screenshots : lemonde.fr, rue89 (12 avril 2010)

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