Trévidic contre Bruguière, le script de la bagarre

Le 7 juin 2011

Le 16 mai, le juge Trévidic auditionnait le juge Bruguière sur des bizarreries du dossier Karachi. Un événement pour le petit monde judiciaire. Dont voici, en exclusivité, le verbatim complet...

Le 16 mai dernier, l’ex juge Jean-Louis Bruguière était entendu comme témoin par le juge Marc Trévidic dans le cadre de l’instruction judiciaire sur l’attentat de Karachi. Un juge qui en auditionne un autre au pôle antiterroriste, un évènement à peine croyable. Le verbatim complet de l’audition que nous publions aujourd’hui permet de mesurer l’importance de ce rendez-vous judiciaire hors normes.

Jusqu’en 2007, le juge Jean-Louis Bruguière pilotait l’enquête sur l’attentat de Karachi du 8 mai 2002, en même temps qu’il présidait ce pôle spécialisé du tribunal. Or, son successeur Marc Trévidic a dernièrement découvert quelques curiosités quant aux actes naguère réalisés – ou oubliés – par son glorieux confrère dans ce dossier.

L’essentiel de cette audition porte sur un rapport d’autopsie capital. Celui du médecin légiste Dominique Lecomte, effectué peu après l’attentat, et qui contredit la thèse de l’attentat suicide. Un rapport passé aux oubliettes sous Bruguière et récemment découvert par Trévidic. Leurs explications à ce sujet, auxquelles participent Olivier Morice l’un des avocats des parties civiles, donnent le vertige. On y apprend que si la justice a été soigneusement tenue dans l’ignorance de ce document, en revanche les services de la DCRI (ex DST) en avaient vu passer une copie, qu’ils se sont bien gardés de transmettre au juge. Alors même que la DCRI travailla – a priori – pour le magistrat dans ce dossier.

Sur place, à Karachi, des sources proches de l’enquête n’ont jamais caché leurs doutes au sujet de la présence d’un kamikaze le 8 mai 2002. Dans les faits, le rapport du professeur Lecomte examine le corps d’un jeune homme présenté comme celui du kamikaze, qui, aurait précipité la voiture piégée contre le bus transportant les Français. Problème, le professeur Lecomte affirme dans ses conclusions que cet homme-là se trouvait en position debout.

Dans les prochaines semaines, d’autres auditions devraient permettre de connaître, dans le détail, la succession de négligences ou de malveillances à l’origine de la disparition de ce rapport, neuf années durant.


Crédits Photo FlickR CC by-nc-sa Frabuleuse
Image de Une CC Elsa Secco

Retrouvez notre dossier du jour sur Karachi :

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